Di Zavav - 1977
Di Zahav - Ras Mohammed - 1977
Dans un article paru précédemment sur ce blog, nous avions évoqué le souvenir de Safaga en 1982 avant que le littoral de la Mer Rouge ne soit envahi par des hordes de touriste et que les sites de plongée soient massacrés par de (trop) nombreux plongeurs.
Nous allons remonter encore de quelques années dans le temps et parler d'un endroit qui était totalement désert en 1977. Cela peut vous sembler tout à fait incroyable mais à cette époque il n'y avait rien à Sharm, rien absolument rien. Voyons donc un peu plus en détail ce voyage.
Décembre 1977. Nous avons décidé, à la dernière minute, de passer Noël au bord de la Mer Rouge. C'est une première pour nous et le voyage n'est pas aussi simple que maintenant.
Euro Sub Aquaclub est la seule agence qui propose cette expédition au départ de Bruxelles.
Cette année-là, le Sinaï est encore sous contrôle israélien. et il n'est pas question de franchir la frontière israélo-égyptienne.
L'avion d'El Al nous amènera donc à Tel Aviv.
En nous remettant nos billets, l'agence nous recommande d'arriver bien en avance à Zaventem. Le contrôle sera effectivement extrêmement sévère. Le check in d'El Al s'effectue dans une salle isolée et cela se passe plus ou moins de la façon suivante :
Les valises sont posées devant nous et nous devons les ouvrir. Le couvercle nous empêche de voir l'intérieur qui est inspecté par le contrôleur.
Question : " Avez-vous préparé vous même votre valise ?"
Réponse : "Oui..."
Q.: "Vos bagages sont-ils restés sans surveillance depuis que vous les avez préparés ?"
R. : "Non..."
Q : "Vous ne vous êtes pas absenté de chez vous ?"
R : "Non..."
Q. : "Je sens ici dans votre valise un objet carré dans le coin supérieur droit. De quoi s'agit-il?"
(Le couvercle de la valise vous empêche de voir l'objet en question)
Il vaut mieux fournir la bonne réponse sous peine de voir son bagage vidé complètement sur la table.
Les inspections durent longtemps mais tout se passe bien.
Embarquement.
Pour des raisons de sécurité, l'avion est loin du terminal et nous y arrivons en bus. Nous comprenons pourquoi la fouille a été menée aussi minutieusement : les contrôleurs nous accompagnent sur le vol. (Ils sont en civil mais armés).
Arrivée à Tel Aviv.
Vérification minutieuse des passeports.
Notre petit groupe est composé de 9 personnes. Nous prenons livraison de 2 camionnettes pickup Volkswagen et nous partons, de nuit, vers le sud. Arrivée à Ber Sheba où nous passons la nuit.
Départ le lendemain matin. Brève escale à Eilat et nous longeons la côte pour arriver à Di Zahav, notre destination finale.
Di Zahav est en fait un grand kibboutz dans lequel ont été aménagés quelques bungalows pour accueillir les touristes. Les repas se prennent au réfectoire avec les travailleurs de la ferme.
Je profite de cet article pour rétablir une vérité. Certains de mes lecteurs sont peut-être allés récemment à Dahab (nom arabe de Di Zahav) et on leur a montré le village bédouin d'origine. C'est totalement faux : Il n'y a pas de village bédouin en 1977. Seuls quelques nomades vivent au bord de la plage dans des abris de fortune au lieu-dit le Lighthouse mais, en dehors du kibboutz, il n'y a pas la moindre trace d'agglomération.
Ceci dit, venons en à la plongée.
Un centre très bien équipé a été installé sur la plage et est géré par un couple de Français. Ils nous accueillent chaleureusement mais ils nous avertissent: "Pas de bêtise, on ne sort rien de l'eau, on n'abîme rien. Il y a des rangers un peu partout qui surveillent et les sanctions sont très sévères".
Nous utilisons des bouteilles de 15 L. Si nous voulons nous éloigner du centre et faire 2 plongées sur la journée, nous emportons 2 bouteilles par personne.
Nous nous rendons sur les sites en camionnette. Les plongées se font du bord. et elles sont absolument fantastiques. Nous ne sommes que 9 plongeurs dans l'eau.
Citons pour mémoire :
- Le Lighthouse : Plongée très facile, au pied du petit phare.
- Le Grand Canyon : On entre dans une petite cavité à une profondeur de +/- 15 m et descend dans une tranchée de section triangulaire jusqu'à plus de 40 m.
- Le Blue Hole ou Arc de Triomphe. Cette plongée doit se mériter. Une butte infranchissable par nos véhicules nous oblige à transporter notre matériel à pied sur près d'un km. Le tout sous un soleil de plomb. Mais une fois dans l'eau, quelle merveille ! Imaginez un grand cirque où l'eau est d'une clarté incroyable. On voit la totalité du cirque. Une ouverture immense commence à plus ou moins 50 m. Elle a la forme et la dimension de l'arche sous l'Arc de Triomphe. Nous passons dans le tunnel et ressortons à l'extérieur du récif. Fabuleux !
Une journée est organisée à Ras Mohammed (Sharm). Distance : 170 km. Départ de grand matin. Sharm est sous le contrôle de l'armée (israélienne).
Avertissement : ne pas s'écarter des chemins car le terrain est encore miné. Interdiction de rester sur le territoire militaire après le coucher du soleil. Des carcasses de chars calcinés décorent le paysage.
Plongée extraordinaire: les requins sont au rendez-vous. Ils s'approchent d'un peu trop près à mon goût. Je n'ose pas déclencher mon flash de peur de provoquer une attaque. Je sais que les requins ne sont pas dangereux pour les plongeurs, mais, eux, le savent-ils ? Nous remontons collés contre le corail suivis par deux requins qui n'ont rien de sympathique.
Retour à Dahab le soir même.
Un réveillon de Noël fort agréable est organisé au club de plongée.
Après 5 jours de plongées magnifiques, retour vers Jerusalem en passant par les bords de la Mer Morte.
La fin du séjour est consacrée à la visite de Bethléem et de la vieille ville de Jérusalem : Esplanade des mosquées, le Mur des Lamentations, les souks....
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Nous logeons dans un magnifique hôtel à Tel Aviv avant d'embarquer le lendemain matin de bonne heure pour Bruxelles.
Les contrôles à l'aéroport étant encore plus sévères qu'à l'aller, nous devrons encore une fois être sur place très tôt, et nous apprécierons le magnifique buffet de petit déjeuner préparé spécialement pour nous à 4 h du matin. Il y a peu d'hôtels en Belgique qui en auraient fait autant.
Retour sans histoire. Fin d'une belle aventure.
En guise de conclusion, je voudrais insister sur un fait : Au cours de ces dernières années, j'ai eu l'occasion de me rendre assez souvent en Egypte : Hughada, Safaga, Marsa Alam, El Gouna,... Si la Mer Rouge constitue actuellement une destination dont le rapport qualité-prix reste fort intéressant, si les sites nous semblent encore fort beaux comparés à nos tristes plongées en carrière, il faut bien constater que la vie s'est raréfiée dramatiquement en quelques années. Le tourisme de masse a fait énormément de dégâts.