Le Salem Express
Le Salem Express
A quelques kilomètres au sud de Port-Safaga, l’épave du Salem Express est devenue une attraction de choix pour tous les clubs de plongée locaux. Par beau temps, il n’est pas rare de rencontrer sur le site 5 ou 6 bateaux en même temps qui y déversent leur cargaison de touristes sous-marins.
Historique
Le Salem Express a été construit en 1964, par le chantier naval de La Seyne sur Mer (Toulon), pour le compte de la Compagnie Générale Transatlantique. Le bateau navigue entre la France et la Corse sous le nom de Fred Scamaroni.
Revendu à une compagnie égyptienne, le navire est rebaptisé « Salem Express ». Il effectue des traversées entre les différents ports de la Mer Rouge.
Dans la nuit du 14 au 15 décembre 1991, le ferry, avec un plein chargement de pélerins revient de Jeddah, port de La Mecque et se dirige vers Safaga. Le temps est mauvais, la mer agitée. Arrivé à proximité de la côte égyptienne, le navire heurte à pleine vitesse un récif de corail. Emporté par son élan, il escalade en partie les rochers. Sous le choc, la grande porte avant s’ouvre. Des tonnes d’eau s’engouffrent dans la cale. Le Salem se couche sur le flanc et chavire aussitôt. Il coule en l’espace de quelques minutes. L’équipage n’a pas eu le temps de mettre les canots de sauvetage à la mer. La plupart des passagers qui dorment sur le pont supérieur sont précipités dans l’eau tandis que d’autres restent bloqués sous les toits en plastique ondulé qui protègent les ponts du soleil. Les voyageurs plus fortunés qui reposent dans les cabines ne peuvent quitter le navire en perdition et sont entraînés au fond.
Avant de sombrer, le navire a néanmoins eu le temps de lancer par radio un appel de détresse. Les autorités attendront 24 h avant d’envoyer du secours , condamnant ainsi une bonne partie des rescapés qui surnagent au-dessus de l’épave.
Quelle est la cause de la catastrophe ?
Différentes hypothèses ont été avancées mais il est probable qu’en raison des mauvaises conditions atmosphériques, l’officier de quart ait confondu les feux de 2 balises.
Combien y eut-il de victimes ?
Nul ne peut le dire actuellement et, sans doute, ne le saura-t-on jamais. Afin de minimiser les conséquences du drame, le gouvernement égyptien a annoncé le chiffre de 300 morts en se basant sur les listes d’embarquement officielles. Mais tout le monde sait que, sous ces latitudes, le nombre de passagers réellement embarqués correspond rarement à la liste officielle. Certains documents parlent de plus de 1.000 victimes mais ce chiffre semble exagéré.
L’épave.
Le Salem Express repose sur le flanc tribord à une profondeur maximale de +/- 32 m. Une dizaine de mètres sépare le flanc bâbord de la surface. La clarté exceptionnelle de la Mer Rouge permet de découvrir l’épave dans son entièreté. Le navire semble intact.
Le gouvernement égyptien a longtemps interdit la plongée sur l’épave qui était considérée en quelque sorte comme un sanctuaire. N’oublions pas que certains corps n’ont jamais été remontés et il est toujours défendu de pénétrer dans le bateau.
Lorsque nous y avons plongé pour la première fois en 1995, de nombreux bagages de passagers jonchaient encore le sol tout autour du navire : valises éventrées, radio-cassettes, chaussures, vêtements même…
Il était impossible de ne pas ressentir un petit pincement au cœur en contemplant tous ces vestiges éparpillés qui rappelaient l’ampleur du drame.
Actuellement, après 9 ans passés au fond, le navire est peu concrétionné. Seuls quelques alcyonaires l’ont jusqu’à présent colonisé.
Par contre de nombreux poissons y ont élu domicile. De nombreux poissons perroquets se régalent du corail en cours de formation sur la coque.
Le Salem Express constitue une plongée facile. Les plus beaux endroits se situent entre 15 et 20 m de profondeur. La matinée offre les meilleures conditions de lumière, les superstructures sont bien éclairées.
On commencera la plongée en allant contempler les hélices décorées de quelques alcyonaires rouges aux dimensions impressionnantes. Quelques gros mérous ont également élu domicile sous la coque. Remontant des hélices, on commencera l’exploration du flanc tribord par le château arrière où on distingue les bittes d’amarrage, les treuils, les grues, les conduits de ventilation. On se dirige ensuite vers le château central. Certains canots de sauvetage sont restés accrochés à leurs bossoirs, d’autres reposent sur le fond, encore reliés au navire par leurs câbles. Sur les cheminées jumelles, on distingue le « S » entouré de lauriers, emblème de la compagnie. De nombreuses ouvertures permettent de voir l’intérieur de la passerelle de commandement.
A l’avant, la porte d’embarquement est entrouverte, une grosse ancre pend en dehors de son écubier. Le bulbe d’étrave a été fortement endommagé par le choc.
On revient vers l’arrière de suivant le franc-bord, la profondeur est de 10 m environ et permet de regagner le bateau de plongée en toute sécurité.
En résumé, une très belle plongée, sans danger, facilitée par la clarté exceptionnelle de l’eau. Nous regretterons seulement que, par beau temps, le site soit parfois envahi par une centaine de plongeurs dont certains se montrent, hélas, bien peu respectueux de l’endroit.
Fiche technique du navire.
Situation de l’épave : 26°38’00 N, 32°03’00 E.
A côté du récif baptisé « Shaab Jean-François » (du nom d’un moniteur national français qui exploita un centre de plongée à Safaga dans les années 80)
Date du naufrage : 14/12/91
Cause de l’accident : échouage sur un récif de corail
Profondeur : de –10 à – 32 m.
Type de navire : transporteur de passagers et de voitures, type ferry
Construit par « Les Forges et Chantiers de la Méditerranée » à La Seyne sur Mer, Toulon, France.
Date de lancement : 30/11/1964 sous le nom de Fred Scamaroni
Premier propriétaire : Compagnie Générale Transatlantique
Matériau : acier
Dimensions
Tonnage 4.771 tons
Longueur 115 m
Largeur 17,08 m
Michel Welters