Les Enfants de Neptune

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Safaga, paradis de la plongée en 1982

SAFAGA – Paradis du plongeur en 1982

 

La plongée en Mer Rouge à Hurghada, Safaga, Sharm El Sheikh ou ailleurs est devenue un standard pour de nombreux clubs ou plongeurs individuels qui y organisent régulièrement une semaine de vacances.

Les clubs de plongée sont (trop) nombreux. Les hôtels offrent l’embarras du choix. L’ouverture de l’aéroport d’Hurghada au trafic civil a largement contribué à l’expansion des différentes villes côtières.

Il n’en a pas toujours été ainsi et il ne faut pas remonter très loin dans le temps pour se souvenir d’une époque où la plongée en Mer Rouge faisait figure de voyage aventureux.

Je voudrais évoquer ici notre premier séjour en Egypte qui remonte à 1982.

 

Destination : Safaga.

 

En 1982, Hurghada n’était encore qu’un gros village de pêcheurs flanqué d’un aéroport et d’un port militaire. Aucun avion civil ne pouvait s’y poser. Les hôtels à Hurghada se résumaient au Sheraton (l’ancien) et au Club Med à Magawish, ce dernier étant devenu le Jasmin Village.

Deux clubs de plongée y fonctionnaient : Rudi Kneipp (allemand) au Sheraton et le Club Med.

A Safaga, un seul hôtel, le Safaga Hotel qui abritait également une base de plongée tenue par un de nos meilleurs amis, moniteur national français : Jean-françois Rochard. Il était secondé par un de nos compatriotes : Claude Strobbe. Les liens d’amitié qui nous liaient à J.F. nous avaient fait choisir ce lieu de vacances insolite.

 

Bruxelles – Le Caire.

 

Départ de Zaventem pour Le Caire par Egypt Air.

Possédant un gros 4x4, nous avions d’abord envisagé de nous y rendre en voiture via l’Italie et le bateau pour Alexandrie, mais le Touring Club de Belgique, consulté pour les documents douaniers, nous avait fermement dissuadé en exigeant une caution de 250.000 FB (Plus de 6.000 €) pour le carnet de passage en douane du véhicule.

Ne sachant pas ce que nous allions trouver sur place comme matériel, nous emportons nos bouteilles(2 monos de 15 L). Résultat : 145 kg de bagage (pour deux). Il faut passer à la caisse.

 

Le Caire – Safaga.

 

A partir du Caire, le trajet vers Safaga pouvait se faire soit en autobus, fréquentés uniquement par des autochtones, soit avec une voiture de location. Comme nous craignons un peu la cohabitation avec les chèvres, les poules et autres animaux  dans le car, que, d’autre part, nous avons prévu un circuit touristique au retour, nous avons opté pour la seconde solution et réservé une voiture chez Hertz au départ de Bruxelles.

Nous héritons d’une Fiat 128 dans un état très avancé. Il a fallu en essayer 3 sur le parking avant d’en trouver une qui consente à rouler. C’est rassurant.

Ce que nous ne savons pas, c’est que la jauge d’essence ne fonctionne pas. Nous l’apprendrons à nos dépens en tombant en panne de carburant au beau milieu d’un carrefour au Caire après avoir roulé 30 km..

La façon de conduire des Egyptiens nous surprend un peu au début mais on s’y fait ou on se retrouve à l’hôpital.

Nous passons la nuit au Caire et repartons le lendemain matin.

Le Caire – Suez : D’après notre carte, une autoroute. Il est vrai que les moutons et les dromadaires qui l’empruntent vont tous dans la même direction. Nous pouvons donc considérer que nous sommes sur une autoroute.

A la sortie de Suez, une station service nous permet de faire le plein : La pompe est actionnée par une manivelle. Le véhicule qui nous précède étant une Chevrolet Blazer, il faut donc nous armer de patience vu la capacité du réservoir de l’engin. Nous sommes tentés de continuer jusqu’à la prochaine station mais décidons d’attendre notre tour. Heureusement ! La pompe suivante est à 400 km.

Suez – Hurghada : La « route » est constituée d’une alternance de piste caillouteuse et de tronçons macadamisés, ceux-ci étant beaucoup plus dangereux que la piste vu la taille des trous dans le bitume. Pour les éviter, les gros camions surchargés zigzaguent de droite à gauche à pleine vitesse. Mieux vaut ne pas se trouver dans leur chemin.

En plein désert, surgit un poste de contrôle tout à fait isolé, tenu par un seul soldat armé. Celui-ci me fait comprendre que les papiers de la voiture ne sont pas en règle mais qu’il consentira à nous laisser passer moyennant bakchich. Toute l’explication se déroule avec une kalachnikov braquée sur nous. Bien qu’étant convaincu d’être en ordre, je cède, bien entendu. Un accident est vite arrivé et il n’y a pas de témoin.

Il nous faudra une douzaine d’heures pour arriver à destination.

 

L’hôtel.

 

Nous n’avons pas le choix : Il n’y en a qu’un, le Safaga Hotel.

Celui-ci existe toujours et se situe près de la jetée utilisée actuellement par de nombreux clubs et notamment les bateaux de Dune.

Nous logeons dans de petits bungalows, très rudimentaires, sans air conditionné et envahis par les moustiques dès la nuit tombée.

La chaleur est étouffante, nous sommes en juin. Après plusieurs réclamations, la direction de l’hôtel met à notre disposition un diffuseur électrique et des plaquettes anti-moustiques. Nous apprendrons plus tard que l’électricité est en général coupée la nuit dans les bungalows ce qui explique l’inefficacité de la protection.

 

Les repas.

 

Toutes les fournitures de l’hôtel sont acheminées quotidiennement au départ du Caire. Les horaires des transports sont très aléatoires. La fraîcheur des vivres s ‘en ressent ainsi que la variété des menus. Nos 3 semaines sur place constitueront une excellente période de régime.

Les bateaux partant en mer pour toute la journée, l’hôtel nous fournit un lunch pakket pour le repas de midi. Celui-ci ne variera pas d’un iota pendant 21 jours.

 

La plongée.

 

Pour ceux qui connaissent Safaga, précisons que la jetée actuelle n’existe pas. Nous embarquons donc au départ d’un petit brise-lames sur un petit youyou à moteur. Celui-ci nous amène directement aux bateaux de plongée. Si la mer n’est pas rigoureusement plate, les opérations d’embarquement sont périlleuses. Il vaut mieux ne pas emporter de matériel craignant l’humidité.

Les bateaux de plongée ne ressemblent pas du tout à ceux qui sont utilisés aujourd’hui. Ce sont de petites embarcations de pêche sur lesquelles nous embarquons à 5 ou 6 plongeurs.

Le trajet jusqu’aux sites de plongée est très long vu la rapidité des engins.

Par contre arrivé sur place, c’est l’émerveillement. Ceux-ci ne sont fréquentés que par une dizaine de plongeurs à la fois. Les coraux sont intacts. Les poissons, petits et gros, abondent. Nous ramènerons des photos extraordinaires.

La journée de plongée se déroule de la même façon qu’actuellement : Départ le matin, toute la journée en mer. Deux plongées. Retour vers 16 ou 17 h.

A terre, le gonflage des bouteilles pose d’énormes problèmes vu les coupures de courant quasi quotidiennes. Le club dispose heureusement de 2 compresseurs avec moteur diesel qui peuvent prendre le relais des électriques et le nombre de blocs à remplir est limité. En outre un grand nombre de bouteilles est disponible. Nous ne tomberons jamais à court d’air. Par contre le recharge des batteries de flash et des lampes s’avérera plus d’une fois problématique.

Nous restons 3 semaines sur place et effectuons des plongées inoubliables.

En revisitant les mêmes endroits récemment, on se rend compte de la destruction causée par la plongée intensive ainsi que la désertification des sites.

 

Nous regagnons ensuite Le Caire en passant par Louxor et en descendant le long du Nil tout en visitant tous les sites archéologiques à notre portée.

 

Malgré les conditions de séjour à Safaga assez rudimentaires, ce voyage nous a laissé un souvenir inoubliable et, lorsque je reviens en Egypte, je ne peux m’empêcher de contempler avec tristesse les sites de plongée saccagés, envahis par une armada de bateaux qui y déversent à longueur d’année des hordes de touristes bien peu respectueux de l’environnement.

 

 

 

Michel Welters

 



14/11/2010
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